Aujourd'hui, j'ai pardonné.
25 ans après l'agression, après le viol, j'ai l'impression d'avoir réparé mon passé, de m'être libérée de mes chaînes.
Après toutes ces années en pilotage automatique, en mode "survie", je pense désormais être capable de "vivre".
Pour ma part, aucun procès, aucune plainte déposée mais une parole libérée il y a dix ans, un combat au quotidien contre mes démons: le déni d'abord, la haine de soi, puis l'acceptation du traumatisme, des plaies béantes qu'il aura laissées sur mon corps et mon âme pour petit à petit panser les blessures, cicatriser.
Un parcours du combattant qui vaut tellement le coup d'être parcouru (peu importe le temps que cela prend).
Plus que la lumière au bout du tunnel, c'est la libération intérieure qui nous attend, la vraie vie et le bonheur.
Ce matin, j'ai écrit... une lettre à mon agresseur (qui ne la lira jamais), mais peu importe...
Mettre des mots sur les maux traversés.
Revenir sur mon chemin de vie.
Lui dire les douleurs, les souffrances, les conséquences de son acte, et finalement pardonner.
Oui, pardonner!
Car, au bout du compte, j'ai appris.
Ou plutôt, je réapprends... à vivre, à goûter au bonheur grâce à lui. Lui qui m'a appris la souffrance, mais finalement montré tout le champ des possibles.
Montré que l'ascension de l'Everest est réalisable. Qu'en gravissant une marche après l'autre, on parvient au sommet, avec le temps, avec la persévérance.
Oui, le paradis sur terre est possible.
Plus besoin de le chercher ailleurs (dans l'alcool, les medocs, la mort...).
La sérénité, le sentiment de plénitude avec l'horizon qui s'étend à l'infini... sur l'infini des possibles, nous y avons tous accès, même après le viol.