L'Expert a pour mission de faire un Rapport en répondant aux questions qui lui sont posées dans le cadre de cette mission.
Certainement pas de critiquer le principe et les motivations de la plainte qui a été déposée.
" Je
témoigne au nom de ma fille K--- mineure née le X/X/2002
Ma
fille K---- était en 3Eme CHAM, classe à horaire aménagé
musique au collège X de X.
Depuis
l’âge de 7 ans elle connaissait son professeur de guitare, qui l’a incitée à
rentrer en section cham.
Durant
son année de troisième, je ne compte pas le nombre de fois où j’ai dû
accompagner ma fille aux urgences pour des maux de ventre terribles, le médecin
pensait à un kyste sur les ovaires ou une maladie au niveau des intestins.
C’est
psychosomatique, crise de l’adolescence me dit-on, elle était très agressive et
portait des vêtements bien trop larges.
Je
ne comprenais pas son comportement, je savais au fond de moi qu’il y avait
quelque chose.
Son
professeur souhaitait rattraper des cours en vue de son examen de fin de cycle,
nous avons dit oui, pensant que c’était pour le bien de notre fille, lui donner
toutes les chances d’obtenir son diplôme.
Nous
n’imaginions pas un instant ce qu’elle vivait lors de ses rattrapages.
Son
professeur vivait en couple avec une autre professeur de guitare du
conservatoire de X, et ils ont deux petites filles.
Ils
nous connaissaient depuis 7 ans, nous avions confiance, quelle erreur.
Le
jour de l’examen, K---- a réussi, j’étais en hyper stress, je vais remercier
son professeur en lui disant que j’étais stressée comme au bac, et il me
répondit que lui aussi en chuchotant « je suis stressé que pour K---- »
et les autres élèves, et l’ami de K---- qui n’a pas réussi… Aucune empathie.
J’ai eu un déclic en tant que
maman, un je ne sais quoi qui ne cesse de tarauder mon esprit, le doute
s’installe pour ne plus me quitter.
K----- part en colonie de
vacances et ensuite va chez les grands-parents. A son retour, je décide avec
mon mari de la questionner.
JOUR J
« K-----, viens dans le
jardin, maman doit te parler comme à une grande et surtout ne te mets pas en
colère. »
Nous allons au fond du jardin, « je
pense qu’il se passe des choses bizarres avec le prof » et au fond de moi
j’attends un non.
Le « oui » sort de sa
bouche, je fixe son regard et je vois le soulagement, un voile blanc dans ma
tête, « une amnésie traumatique » me dit le psy et médecin.
Impossible de me souvenir de
ses mots et gestes, nous sommes dans la cuisine pour annoncer la nouvelle à mon
mari.
Et là tout s’enchaîne.
Dépôt de plainte à la brigade
des mineurs de la gendarmerie de X.
Audition pour moi une après-midi
entière.
Le lendemain c’est toi ma
chérie avec psychologue, gendarmes femmes et enregistrement dans une pièce ;
j’attends dans une pièce avec l’assistante sociale.
Comment dire, nous sommes super
bien encadrées mais j’ai peur, qui m’empêche de respirer, de penser, je ne sais
plus qui je suis, où je suis, j’attends.
Les gendarmettes reviennent, « pas
plus pas moins madame »
Quoi ??
« Nous pensions que K----
avait été violée »,
Je n’y ai pas pensé, ouf les
pleurs.
Elle a subi pendant une année
des attouchements sexuels au conservatoire et chez l’agresseur, les agressions
étaient de plus en plus intrusives.
K---- avait 14 ans lors des
agressions, cela fait 4 mois ½.
Mon Dieu, ma petite fille,
qu’a-t-il fait ? J’ai envie de hurler.
Elle suit une thérapie tous les
mardi soirs pour évacuer son agressivité, elle a fait un transfert sur son
papa, ça va mieux, ces cauchemars, aussi, seulement même si ce n’est pas un viol
physique c’est un viol mental. !
Il la connaissait enfant 7 ans
et il a attendu de longues années pour devenir au fil du temps son ami, un
confident au point de ne pas faire son cours de guitare mais de parler, qu’elle
se confie, de la manipuler afin qu’elle ne parle pas.
On ne peut pas la toucher, même
pas la main ni les cheveux, rien, même pas sa petite sœur, pas qu’elle ne veut
pas de câlins, impossible le contact peau la ramène à lui.
Que c’est dur pour une maman,
une petite sœur, un papa poule, de ne plus prendre dans ses bras K---- notre
enfant chérie.
Le plus dur: l’expertise par un
expert psychologue de plus de 65 ans.
Il a entendu K---- pendant 2
heures et moi 1 heure.
Il m’a dit: vous êtes trop
maternelle et protectrice, vous avez dû subir un viol pendant votre enfance,
pourquoi avez-vous porté plainte, vous n’avez pas compris, son prof s’est
surinvesti.
A ma fille, « tu n as pas
de séquelles, tu travailles bien à l’école, ton père est consentant, il t a
conduit chez l’agresseur,
et tu as un copain ? »
Elle répond : «
non trop dur en ce moment »,
« Pourquoi? tu veux être
vieille fille ? »
Nous sommes sorties
complètement laminées.
Notre médecin de famille nous a
pris en urgence, nous avons vu la gendarmette qui nous a soutenues et l’avocate
est intervenue en urgence auprès de la juge d’instruction pour demander une
contre expertise selon le rapport de cet individu.
Voilà notre parcours,
Le conservatoire mon Dieu…
La direction émet l’idée que
l’agresseur revienne, verbalement et par mail, auprès des parents d’élèves.
Le responsable pédagogique
essaie de connaître l’identité de K-----.
Aucun appel de leur part pour
savoir si K---- va bien, par contre, des mails de relance pour le dossier de sa
sœur.
Bref les enfants ne sont pas
considérés comme des êtres humains mais des pions pour un concert super connu,
rien d’autre, aucune empathie pour la victime et sa famille.
On nous parle de présomption
d’innocence de l’agresseur mais la présomption d être vraiment victime, qu’en
fait-on ?
Ma fille ne supporte pas
d’avoir été manipulée et d’avoir subi des attouchements, heureusement ça s’est
arrêté juste à temps.
Vous allez me dire elle n’a pas
été violée.
Oui mais, les séquelles sont
identiques.
Il l’a violée dans son cœur en
utilisant l’affect pour arriver à ses fins, elle et nous, n’avons rien vu arriver,
il a manipulé une famille entière jusqu'à venir au sein de mon travail pour une
soi-disant ...
Il a tout fait afin que K----
continue la musique en seconde, elle a tout arrêté, la guitare qu’elle pratique
depuis 8 ans est dans un coin, à attendre un jour où l envie revienne.
Voilà le cri d’une maman en
colère, pédophile ne touche pas à ma fille, tu n’avais pas le droit !!
Maintenant je serai là, face à
toi, je n’ai pas envie de vivre avec de la colère sinon c’est vouer ma fille à
se détruire, je veux qu’elle avance et pour cela, il faut passer au-delà de la
vengeance pour l’aider à se reconstruire, oui le procès nous l’attendons, mais
cela ne règlera pas tout.
Son manque de confiance envers
les autres, puis-je refaire confiance ??
OUI il le faut, mais ouvre les
yeux avant d’ouvrir ton cœur, et surtout parler, parler, parler et ne ferme pas
la porte, il y a encore de bonnes personnes dans ce monde de fous.
Pédophile, tu n’auras pas le
dernier mot, non je ne veux plus être en colère, je te pardonne, car si je ne
le faisais pas, je condamnerais ma fille à vivre dans le passé et à ne plus
avancer vers un avenir meilleur je te plains pédophile, je suis triste pour tes
filles, tu es misérable et tu ne pourras jamais revenir en arrière pour effacer
la honte qui s’est abattue sur toi.
Toute ma compassion à ces
petites filles qui n’ont rien demandé comme K--, les enfants sont
incapables de se défendre même à 14 ans, protégeons nos enfants.
La maladie de notre siècle,
Pédophilie je te poursuivrai, je serai là, toujours en face de toi.
NON pas maman en colère, maman
apaisée pour toi ma fille, nous avancerons main dans la main ;
mes larmes ne coulent pas de
tristesse, heureuse car j’ai compris, que notre amour est plus fort que tout.
Pour toi K---, maman qui t’aime
forever, toujours avec toi."